Yannick Gloaguen

Yannick Gloaguen Empreintes d'artistes 2019 Directeur de l'école Jules-Ferry, l'une des plus grandes écoles publiques élémentaires du Finistère, Yannick Gloaguen est aussi depuis quelques années un écrivain reconnu, membre du collectif des écrivains bigoudens « Plumes du Paon ». Son quatrième roman, « L'île des enfants perdus », sort ces jours-ci. Portrait.
Le commissaire Le Bleiz est de retour. Mais si, souvenez-vous ! Celui qui, sous la plume de Yannick Gloaguen, directeur de l'école Jules-Ferry, se trouve embarqué depuis cinq ans dans des enquêtes dans lesquelles il a été question, entre autres choses, de loups et d'ankou. Cette fois-ci, c'est du côté de « L'île des enfants perdus », qui sort ces jours-ci, que l'auteur nous embarque. Il y propose des allées et venues au coeur du Mésolithique, qui conduira les chasseurs-cueilleurs vers l'agriculture à une époque marquée par un brusque réchauffement climatique, mais également des incursions durant la guerre d'Algérie. Passionné d'histoire, Yannick Gloaguen insère toujours dans ses romans des références à des périodes anciennes. Et comme il le dit lui-même, « tout ce qui est historique est vrai, tout ce qui est raconté est faux ».
Lire comme moyen de tuer le temps

C'est par envie de s'évader que Yannick Gloaguen se met à l'écriture. « Ce poste est très prenant et l'écriture est pour moi un bon moyen de me changer les idées ». Petit, Yannick Gloaguen lit beaucoup. Des crises d'asthme l'empêchent de dormir, et la lecture est pour lui un bon moyen de tuer le temps lors de ses insomnies. Livres d'aventures, « Les trois mousquetaires », « Langelot agent secret », « Le club des cinq »... des dizaines de livres sont dévorés. « L'asthme m'a permis de bouquiner la nuit sans le faire en cachette. Le fait de lire me changeait les idées. Je me traitais tout seul, je ne réveillais même plus mes parents ». Si sa famille est originaire de Saint-Guénolé, c'est à Honfleur, où son grand-père était douanier, qu'il fait ses premiers pas dans une bibliothèque. À l'âge de 3 ans. « Ma mère allait souvent à la bibliothèque municipale. Je me souviens de rayonnages très hauts, d'un parquet ciré et d'un rai de lumière à travers une grande fenêtre, et surtout l'odeur. Maintenant, dès que je prends un livre, je l'ouvre et le sens ».
Né d'un père officier mécanicien sur l'un des nombreux bacs de l'époque, il passe, comme bon nombre d'enfants d'expatriés bretons, toutes ses vacances chez sa grand-mère à Saint-Guénolé. Là encore, le livre est objet quotidien. « Dès mon arrivée, ma grand-mère m'amenait à la librairie pour acheter le livre que je voulais ».
Le courant passe

Dans ses ouvrages, Yannick Gloaguen assure travailler beaucoup ses phrases pour qu'elles chantent et qu'elles riment parfois. « Ça doit venir de ma mère Liliane, poétesse et conteuse ». Dans son école de Jules-Ferry, une douzaine de classes et 270 élèves, le directeur côtoie l'auteur. Dans ce « bonjour monsieur le directeur » que lui lancent les jeunes élèves, il y a ce respect lié à la fonction. Mais pas seulement. « Ils participent à un petit jeu en mettant une pointe d'ironie dans leur voix ». De la part de jeunes qui lui demandent souvent pourquoi il n'écrit pas sur eux, où s'ils peuvent lire son dernier livre. Le courant passe. « En 2011, j'ai eu la surprise de dédicacer mon premier livre pour une de mes premières élèves de CP de Brest qui vit maintenant en Grèce. Elle avait vu sur le site du Télégramme que son "jeune maître", 23 ans à l'époque, avait écrit un roman policier », se réjouit-il.
Une bande dessinée

Le cinquième tome des aventures du commissaire Le Bleiz est en chantier. Mais pas seulement. Yannick Gloaguen travaille sur un projet de bande dessinée avec son frère, professeur de dessin. Il s'agit d'une odyssée moderne, à la façon d'Ulysse. Il y a aussi dans les projets, celle de raconter l'aventure d'un soldat qui revient en Bretagne après avoir été au Mali ou en Afghanistan ou encore celle d'un policier de l'État français à Brest durant la Seconde Guerre mondiale, qui enquête sur un tueur en série ne s'attaquant qu'aux Allemands... « Écrire me donne de la liberté, surtout de la liberté d'esprit ».